Hafsa Djenadi, une romancière algérienne à la plume prometteuse.
18 novembre 2018

Hafsa Djenadi, une romancière algérienne à la plume prometteuse.

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Dans une tentative de la part de la rédaction du journal de faire connaitre de nombreux talents maghrébins qui nous régalent avec leurs productions littéraires et artistiques; nous allons inaugurer cette féconde tradition en allant à la rencontre d’une écrivaine native de Bejaia Hafsa Djenadi, auteur de  « La Miséreuse insoumise » et de « Au-delà de nos rêves ».

Notre jeune romancière et scénariste est passionnée par la littérature française et francophone. Elle poursuit sa thèse de doctorat actuellement à la Nouvelle Sorbonne, Paris et s’intéresse plus particulièrement à la littérature Maghrébine féminine.

M.Amine Kenida l’a questionné sur divers sujets concernant son travail et son engagement dans l’écrit littéraire .


Bonjour Hafsa. Pourriez-vous m’en dire un peu plus à propos de « La Miséreuse 
insoumise » et nous dire à quel lectorat s’adresse-t-il ? 
C’est l’histoire d’une femme divorcée livrée à une société qui rejette ce statut, surtout dans les années 90. Mira est une femme qui a lutté pour donner une meilleure éducation à son fils. Faisant face à la compression familiale et sociale. Une femme qui a connu l’amour beau et passionnant à son envol, puis hideux et blessant à sa fin.

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ? 
Je suis une grande observatrice.Tout ce que je vois, je le décris par l’écriture. J’ai commencé par un scénario. Puis j’ai été contactée par une femme qui a voulu me raconter son histoire. Je l’ai écoutée. J’ai été touchée et très sensibilisée. Cette injustice devait être dénoncée. Et j’ai écrit un livre. La Miséreuse insoumise.

Quels ont été vos processus d’écriture, de l’idée à sa finalisation ? Combien de temps cela vous a-t-il pris ?
J’ai recueilli d’abord cette histoire pendant 6 mois. Mon témoin me racontait son vécu en kabyle, et moi je devais prendre des notes en français sur un bloc-note. Puis je me suis miseau véritable travail. La saisie et la narration. C’était mon premier roman, je l’ai écrit à la première personne du singulier «  je ». J’ai laissé mon personnage s’exprimer tout au long du livre. Parfois ma propre voix figurait. Mais je ne voulais pas étouffer celle de Mira, mon personnage principal. J’ai fini la rédaction de ce roman en 2009, mais j’ai dû le revoir et le réécrire en 2013 quand j’ai enfin trouvé un éditeur.

Quelle(s) difficulté(s) avez-vous rencontré pendant l’écriture de ce livre ? Comment les avez-vous surmontées ?
Il n’est facile de recueillir une histoire en une langue et de l’écrire avec une autre langue. Mirame racontait en kabyle, je devais rapporter les faits en français. Certaines expressions ne se traduisaient pas. Puis j’ai hésité sur le style à adopter, les temps à utiliser et les voix à mettre en avant ; la mienne ou celle de Mira. S’ajoutait à cela le va et vient chez cette dame. J’ai partagé mon année 2006 entre mes études à l’université, la création d’un club littéraire et les multiples rencontres avec Mira. Au début, je n’arrivais pas à gérer toutes ces fonctions, vue la surcharge des cours et les tâches au club car j’étais la présidente. Mais avec le temps, j’ai pu m’organiser. C’était la plus belle période ma vie. Car j’aimais ce rythme et cette belle aventure.

En l’écrivant, aviez-vous conscience des réactions qu’il pourrait susciter ? Est-ce que cela a influencé votre écriture ?
Ecrire cette histoire était tout d’abord une expérience humaine. Je n’avais que 21 ans et je savais déjà des choses que j’ignorais avant. Je ne pensais pas aux réactions des gens au départ, je ne pensais qu’à cette femme et à la façon de la soulager, car il y avait des moments où elle faisait des crises d’angoisse quand elle se rappelait des événements traumatisants. Donc, mon but initial était de répondre à son désir : écrire son histoire pour qu’elle serve d’exemple et la soulager du poids des événements. Cette histoire m’a ouvert les yeux et a influencé plutôt mon style d’écriture : j’ai décidé d’écrire à la première personne du singulier, afin d’impliquer chaque lecteur dans les histoires que je rapporte. Une façon de créer des liens proches et profonds entre mes personnages et les lecteurs.

Justement, qu’en a pensé votre famille ?
J’ai été encouragée par chaque membre de ma famille. Ils étaient tous fiers et contents de ma démarche. Mes parents et mes sœurs sont mes premiers lecteurs. Ils m’ont soutenue jusqu’au bout et me soutiennent encore. Car ils savent que je suis passionnée par l’écriture.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ?
L’histoire en elle-même a mérité d’être connue et transmise. Puis l’injustice m’insupporte, m’irrite et me frustre. Alors j’ai saisi l’écriture comme un moyen dénonciateur et aussi salvateur. Il y’a un message dans ce livre. Un message pour les hommes, pour les femmes et pour les enfants. Un message pour la société et pour les inconscients.

Avez-vous toujours eu envie d’être écrivaine ?
Sincèrement ? J’ai toujours aimé écrire et publier mes textes quand j’avais 16 ans dans le journal Les Nouvelles Confidences. Mais le titre de l’écrivain, je n’y ai jamais pensé. À la base je voulais être journaliste. Une fois à l’université, j’ai découvert de plus près le monde littéraire qui m’a séduite. Et je suis tombée amoureuse passionnément de l’écriture. Et j’ai décidé d’écrire des livres.

Qu’aimez-vous lire ?
Je lis un peu de tout. Mais je suis une fervente de la littérature féminine. Je lis énormément du Mokeddem, du Bouraoui, du Djavann, du Laurens, du Chapsal, du Giroud… et j’aime lire les témoignages. Cela ne m’empêche pas de lire les auteurs masculins, dont les classiques. Je m’apprête beaucoup plus à la littérature contemporaine.

Comptez-vous écrire un autre livre ?
« Au-delà de nos rêves » est mon deuxième roman. Il est déjà édité en France depuis 2015. Et je viens d’achever mon troisième roman. Quand on commence à écrire, je crois que rien ne peut nous arrêter. Ça coule dans les veines. D’autres projets d’écriture sont en cours de réalisation.

Avez-vous eu envie de toucher un lectorat particulier ? Des jeunes femmes, des hommes ?
Tout le monde est le bienvenu. Tout le monde est visé.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite écrire un livre ? 
Ecrivez quand vous avez envie et quand vous avez la passion et l’inspiration. Essayez de vous faire éditer. Et n’abandonnez jamais vos projets d’écriture. L’écriture est bénéfique pour vous et pour vos futurs lecteurs.

Enfin, où peut-on se procurer votre livre ?
« La Miséreuse insoumise » est disponible en France ( Publibook, 2013) et en Algérie ( Le Montagnard, 2017).
« Au-delà de nos rêves » est disponible uniquement en France ( Edilvre 2015), et j’espère très prochainement en Algérie.

Merci Hafsa d’avoir partagé avec sincérité votre expérience d’auteure.

Si vous le souhaitez, vous pouvez suivre [button link= »https://www.facebook.com/DjenadiHafsa/ » icon= »Select a Icon » size= »small » side= »left » target= » » color= »1c05f0″ textcolor= »ffffff »]HAFSA DJENADI sur Facebook[/button]
Interview réalisée par Amine Kenida 
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